Séminaire vin à Villers-la-Ville

Nos amis de Villers-la-Vigne ont organisé un séminaire de deux jours, le 20 et 21 février avec l’expert Jean-Marie Balland. Ce vigneron sancerrois est devenu consultant. Il prône une viticulture raisonnée, agroécologique, qui respecte la nature, qui protège les producteurs et futurs consommateurs du vin.

Des viticulteurs wallons ont été réunis deux jours pour ce séminaire plein d’enseignements. Ils venaient de Torgny, de Beaumont, Marbais, Nivelles, Thorembais, Lasne… et Genval. M. Balland avec une verve, mêlant humour et humeur, a pu exposer son savoir et prodiguer ses conseils.

Sur un forum, Jean-Marie Balland décrivait dans un court texte, en 2005, sa vision d’une viticulture respectueuse de l’environnement et des hommes:

Bonjour ; j’ai 59 ans, et je suis consultant en viticulture depuis 10 ans.
Depuis deux ans, je me suis rapproché de Georges TOUTAIN, ingénieur agro-écologiste, qui, après avoir passé l’essentiel de sa vie dans les cultures oasiennes, a créé, dans sa Picardie natale un pré-verger traditionnel. Depuis 20 ans, ses pommiers produisent des fruits sains sans que le secours des engrais de synthèse ni du moindre pesticide. Pour situer la performance, en Picardie, en 2005, les arboriculteurs chimiques ont fait 25 traitements en moyenne. Certes, les fruits sont moins brillants que ceux présentés sur les étalages de Carrefour ou Leclerc, mais vingt dieux, ce qu’ils sont bons… et ils se conservent !
Ce cher homme m’a appris à concilier les impératifs éthique (mes clients produisent des vins d’AOC avec des décrets dont certaines parties sont de véritables non sens agronomiques), agronomique, économique, écologique et sociologique.
Résultats, les herbicides sont supprimés, les engrais (même organiques !) aussi, remplacés par le recyclage des bois de taille, des feuilles des de l’enherbement naturel, partiellement détruit par pseudo labour à certaine époque. Le botrytis a disparu, le mildiou et l’oïdium son restreints.
La récolte est suffisante, plus saine, plus mure (la chaptalisation est pratiquement inutile). L’érosion des sols de côteaux a disparu.
Le travail manuel a été repensé pour améliorer le micro climat dans la végétation, et aussi diminuer les temps de travaux et la pénibilité.
Les énormes tracteurs enjambeurs (souvent plus de 5t et plus de 120 cv) laissent progressivement la place à une micromotoviticulture, engendrant de moindres tassements des sols ainsi que des coûts d’achat et d’entretien réduits.
En alternant pseudo-labours (laissant un « pied de cuve de flore naturelle !) et l’enherbement naturel, le système racinaire de l’herbe fissure le sol, qui devient plus perméable. La biodiversité s’améliore d’année en année. Mes clients replantent les haies que leurs parents (bouh, les vilains !) ont arraché voici trente ans pour faciliter l’introduction des gros tracteurs.
Résultat, après un gros temps de réflexion, un passage à l’action qui a plombé durant deux ou trois ans les dépenses en intrants et les temps de travaux, aujourd’hui, mes clients dépensent moins, leurs salariés peinent moins, et leur vin se vend bien, alors qu’une bonne partie de la viticulture est en plein marasme… Ajoutons qu’ils commencent à être (souvent mal !) copiés, et la boucle est bouclée…

Jean Marie BALLAND


Voici les notes prises au séminaire par Stéphan:

Considérations générales

La vigne est une liane qui demande l’intervention de l’homme pour une production optimum. La vigne pousse par ses extrémités de 50 à 70 cm avant floraison.

Pour un vignoble septentrional M. Ballant considère le pinot noir et le meunier comme des
choix intéressants. En 30 ans les vendanges sont avancées de 17 jours en France.Torgny :  16 ares plantés de sylvaner, riesling, pinot blanc, pinot rouge, auxerois.

Plantation

Il faut adapter la distance entre les rangs de vignes en fonction du type d’entretien prévu (homme, cheval, machine). Un espace de 1,7 m est souvent excessif et 1,2 m convient pour un travail manuel.  Ecart entre les pieds de vigne : (1 m ? 1,2m ?)

« SFE m2 / kg raisin» ou « Surface Foliaire Exposée m2 / kg raisin»

Densité de plantation : 40.000 à 60.000 sarments par ha (pour par ex. 6 sarments par pied), suivant le but poursuivi (qualité, rendement) et le type de cépage.

Le sol

La vigne peut se contenter d’un sol pauvre car la fraction exportée (le fruit) ne représente que 44% du poids du végétal contre 60% et plus pour le blé par ex. Ceci en considérant que les feuilles de vigne et les sarments coupés restent sur le sol comme fertilisant.

Quatre éléments chimiques sont particulièrement importants dans le sol :

o       L’azote comme constituant essentiel de toutes les cellules

o       Le potassium important pour la perméabilité cellulaire (entrée des nutriments  dans les racines par ex.

o       Le calcium comme élément de structure cellulaire.

o       Le magnésium, indispensable à l’activité chlorophyllienne

o       Autres éléments : fer, phosphore, soufre…

Il est impératif d’avoir un sol bien aéré. La présence de renoncules et de mousse indique un sol trop dur par ex. Un tapis trop dense d’herbes est aussi défavorable à l’aération ; remède : biner.

Apport azoté

–         « Compression des grappes» : se dit des raisins mûrs d’une grappe compressés par les raisins verts sous jacents qui se sont développés plus tardivement. Ceci a pour conséquence de blesser les grains mûrs qui s’infectent (moisissures comme l’oïdium et le mildiou) et finissent par tomber. La cause de ce phénomène est le manque d’azote au sortir de l’hivers. L’apport d’azote doit en effet être fourni dès le mois de mars en vue de la préparation du sol par les microorganismes de sorte que la vigne dispose d’azote assimilable à son réveil en avril et à sa pleine croissance en mai. Un apport tardif d’azote a aussi pour conséquence néfaste de favoriser la pousse des sarments et des feuilles au moment où la vigne devrait essentiellement ne plus croître et produire du raisin, au mois de juin.

Il faut savoir que c’est au mois de mai que la vigne doit assurer  75 à 85 % de ses besoins nutritifs et que la surface de la feuille de vigne doit atteindre 50% de sa taille avant d’être productrice de matière et non plus consommatrice. Il est donc important que les feuilles se développent rapidement. Les feuilles de petite taille sont de plus particulièrement sensibles au mildiou.   La présence de petites feuilles dans le bas de la vigne en juin est donc aussi le signe d’un apport tardif d’azote.

C’est pour la même raison qu’il faut provoquer un « stress hydraulique » en diminuant l’apport d’eau en juin. Pour se faire il est conseillé de laisser pousser l’herbe, consommatrice d’eau,  au pied des vignes et dans les allées. Si les conditions météorologiques sont à la pluie il est recommandé de  tondre l’herbe régulièrement pour accentuer cette consommation. En cas de sécheresse, il faut laisser l’herbe en place.

Culture

« Travail vert ». Il faut compter 300 heures de travail manuel appelé « travail vert » par ha ; 450h/ha pour certains cépages.

Porte-greffes :                 « rijaria « : sol acide, faible rendement

« rupestre » : sol calcaire, rustique

« fercal » : issu d’un croisement avec « Berlanderii »,pour sol ayant plus de
30% d’argile, calcaire.

« Gourment » : sarment excédentaire prenant naissance sur la souche (à éliminer).

« Vert jus » : c’est un sarment excédentaire prenant naissance sur un sarment (à éliminer).

Travaux avant la reprise de la vigne

De mars à mai . Taille au 1er mars  et « débourrement de la vigne »,  opération qui consiste à couper un certain nombre d’yeux sur les sarments après la coupe (alléger et rajeunir la vigne).  Désherber sous les pieds de vigne sur une profondeur de 5 à 7 cm à l’aide d’une binette ; mais laisser ailleurs 10-15% d’herbe utiles au mois de juin. Il est fréquent de faire au minimum un binage par mois (donc trois en tout).

Pour améliorer la qualité du sol, on peut semer des céréales qui vont fissurer le sol et donc l’aérer, semer des crucifères pour un apport de soufre et semer des légumineuses pour un apport azoté.

« mulchage » consiste à laisser l’herbe coupée sur le sol de préférence entre les pieds comme apport d’engrais naturel. Un bon engrais doit avoir un rapport carbone/azote inférieur à 5. C’est le cas des engrais d’origine animale comme les plumes dont le rapport est inférieur à 3.

« Méritalle » : c’est la distance entre deux nœuds. Si celle-ci est grande et que le diamètre des sarments est important,  c’est que l’apport azoté est correct.

« Nouaison » : apparition des petits grains verts de raisin. C’est le signal indiquant que la croissance de la vigne doit s’arrêter.

En automne, les feuilles doivent perdre leur couleur verte pour prendre les couleurs de l’automne, ce qui indique que les réserves sucrées de la feuille ont rejoint les sarments et que les feuilles contiennent  encore, comme attendu, des tanins et des polyphénols, signe de leur bon état antérieur. C’est la  garantie d’une bonne reprise de la vigne l’année suivante dans la mesure où les réserves hivernales sont stockées dans le pied et les sarments ligneux.

–         « SFE m2 / kg raisin» ou « Surface Foliaire Exposée m2 / kg raisin»

Maladies

Le botrytis attaque le bois blessé mais est sans danger pour la vigne bien entretenue. Pas de remède à la présence » de mildiou ; seule la prévention, c’est-à-dire une culture équilibrée de la vigne, est utile.

Livre conseillé : « Diagnostic  historique » Daniel Noel d’après Lenz Moser.

Matériel : la firme Mafroco vend des motos à chenilles pour l’entretien de la vigne.

 

Villers-la-Vigne

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