Genval ne bénéficie (pas encore) du climat méridional, même si le soleil est dans le coeur de ses habitants. Quel cépage conviendrait le mieux sous nos latitudes septentrionales? L’association a visité plusieurs vignobles en Wallonie, dont certains à proximité comme à Villers-la-Ville, pour se faire une opinion. Elle leur a soumis l’analyse du sol et une liste de quelques cépages envisagés. Des spécialistes ont été consultés. Un cépage est sorti du lot: le Solaris pour le blanc, éventuellement le Régent dans un second temps, si la production de vin rouge devient réalité.
Le Solaris est un cépage assez récent. «Le cépage a été obtenu par Norbert Becker dans l’institut Staatliches Weinbauinstitut Freiburg à Fribourg-en-Brisgau », indique Wikipedia. «L’origine génétique est vérifiée et c’est un croisement des cépages Merzling × (Sapéravi Severny × Muscat ottonel) réalisé en 1975. Le cépage est autorisé dans de nombreux Länder en Allemagne. Il est également autorisé en Belgique. Le nom du cépage est un hommage au soleil. La solaris est une hybride avec des parentages de Vitis vinifera, Vitis amurensis, Vitis rupestris et Vitis aestivalis ».
L’oenologue André Gigantelli apprécie ses qualités: « Solaris : très précoce avec une forte vigueur », note-t-il. « Bonne résistance à l’odium et au mildiou. Mais un peu sensible à la pourriture. Vin plutôt neutre mais assez volumineux et puissant. Rappelle le Seyval blanc ou le Chasselas ».
Ce cépage est aussi utilisé en Suisse. C’est à Colombier, dans le canton de Neuchâtel, au domaine de Chambleau que le solaris donne un vin surprenant: l’Enfant sauvage. « Je garde de cette cave le souvenir de la cuvée l’Enfant Sauvage, un vin blanc réalisé à partir du cépage Solaris », raconte un dégustateur sur le site Vin Confédérés. « Un vin avec des arômes légèrement musqués, et un corps plein, légèrement tannique. Un peu plus tard au cours de journée, j’apprendrai que la vigne dévouée au solaris est de belle superficie : 3300 mètres carrés tout de même ».
On loue les qualités bio du cépage solaris! En effet, sa grande résistance aux maladies en fait un vin relativement facile à cultiver, ne demandant pas d’intervention chimique. Une note bio à laquelle le vignoble souscrit naturellement dans le respect de l’environnement et de la santé des producteurs et des consommateurs.
« Ses multi ou poly-résistances aux maladies de la vigne en font, d’une certaine façon, un cépage “bio” puisqu’il ne nécessite pas ou que fort peu de traitements prophylactiques et encore moins de soins », peut-on lire sur le site de Vins Confédérés. «Bref, on plante, on taille, on gère la croissance des ceps, on module l’abondance de la charge, puis on récoltera et on vinifiera sans peine. En prime, avec le temps libre on pourra jouer tranquille aux cartes avec l’ex représentant de Monsanto, puisque celui-ci est désormais presque aussi inoccupé que le vigneron (il lui faut quand même de temps à autre aller voir son conseiller à l’Office Régional de Placement) ».
Le solaris semble bien convenir au terrain, à Genval. «Concernant les cépages à proprement parler, je trouve que vous avez fait un choix assez judicieux », observe Julien Marson, professeur d’œnologie à l’école industrielle de Gilly et conseiller vin chez Champion. «Le Régent et surtout le Solaris sont positivement sensibles au magnésium contenu dans le sol ( en présence non négligeable selon les analyses chimiques), ils ont également tous deux déjà eu de belles réussites sur de mêmes types de sols dans plusieurs régions allemandes ( notamment dans la BADE). De plus: Le SOLARIS présente d’énormes avantages : premièrement il est issu d’un croisement variétal de Merzling et Severny Saperavi deux types de raisins qui étainet déjà adaptés à des conditions de croissance plus difficiles, il présente également une forte résistance aux maladies, est facile à cultiver mais demande un suivi au niveau de sa croissance qui est forte (quand le plant produira, il faudra certainement tailler et effeuiller de manière importante), enfin les raisins sont effectivement parfumés avec une bonne acidité ».
Ce choix est aussi recommandé par Alain Pardoms, acheteur vin chez Delhaize: Le solaris s’adapte bien à nos conditions climatiques un peu difficiles pour la viticulture. Difficile , car chaud, mais pluvieux, d’où une énorme charge d’attaque possible de mildiou et d’oidium. Difficile, car en ce qui concerne le mildiou, celui- ci peut être amené par d’autres cultures. Oui au vin blanc, car dans le cadre d’un bon été sec, il pourra après quelques années de culture nous donner un vin raisin pouvant fournir un vin gras et fruité ».
En Belgique, le solaris est présent dans plusieurs vignobles. C’est notamment le cas de Philippe Grafé. “La Fiolette” a obtenu une médaille d’or en Espagne. Le domaine du Chenoy n’est pas peu fier de cette récompense internationale: « C’est une dégustation à l’aveugle et donc cela donne encore plus de crédit au Solaris, une variété toujours pas classifiée », indiquait alors Alexandre Springal, maître de chai au Chenoy, interrogé par Vers l’Avenir – lire l’article.
Parmi les domaines belges qui utilisent du solaris:
- Domaine du Chenoy (Philippe Grafé): www.domaine-du-chenoy.com
- Domaine du Ry d’Argent: www.domainedurydargent.com/
- Clos de l’abbaye de Saint-Denis: www.abbaye-st-denis.be
- Wijngoed Monteberg: www.monteberg.be
Visité le vignoble hier dimanche lors des visites du Patrimoine. Que du bonheur!