Monik Myle nous fait l’honneur d’illustrer la contre-étiquette du millésime 2020, des bulles qui font pétiller le Villa Beau-Site, le vin du vignoble de Genval.
La maison-atelier de l’artiste genvaloise est située à un jet de pierre du vignoble. Une vallée les sépare: Monik Myle a investi une ancienne imprimerie de l’avenue Gevaert à la fin des années quatre-vingts. Elle y déploie sa créativité, entre gravure, vidéo et photographie. Les Genvalois ont eu l’occasion de découvrir son atelier et son art, notamment lors de Randonnée d’artistes ou du WAW (White Art Walk), dont elle est une des organisatrices.
Monik Myle a vécu plusieurs vies. Elle est née à Blankenberge, où elle a vécu une bonne partie de son enfance. Arrivée à Bruxelles, elle a suivi des études artistiques et bourlingué durant de nombreuses années, séjournant à Londres, à Madère, en Grèce, avant de revenir à Bruxelles. Elle a travaillé pour plusieurs compagnies aériennes, dont la Sabena, s’occupant notamment du check-in.
Après la faillite de Capitol Airlines, Monik a dû voler vers d’autres horizons. Elle a atterri comme accessoiristes de plateau sur une série mythique de la télévision belge créée par Roland Topor: Téléchat. “Je n’ai plus arrêté après cela. J’ai enchaîné sur d’autres films notamment sur « Marquis » et « Le Maître de musique » dans l’équipe costume. Je me suis orientée ensuite plutôt vers la décoration”.
Si Monik a multiplié les métiers, elle a conservé l’art comme fil conducteur, s’y consacrant à 100% au début des années 2000. En même temps qu’elle travaillait dans l’aviation, pour la télévision ou dans le cinéma, elle peignait sans relâche. Elle a suivi des cours dans plusieurs académies, dont Etterbeek, Anderlecht et Louvain. A Bruxelles, elle partageait un atelier avec l’artiste Francis Tondeur.
Monik est une aventurière graphique qui adore explorer de nouvelles voies. Si au départ, elle peignait de grands formats, elle s’est intéressée aux images, aux techniques de la vidéo, à la gravure. Et son art aujourd’hui mêle et entremêle ces techniques: une photo prise d’une vidéo devient gravure. Ou inversement. C’est précisément là où se situe la singularité de Monik: échapper aux sentiers battus. Ce n’est pas un hasard si elle collabore à des projets scientifiques: défricher, prospecter, découvrir forment un langage commun. Elle explore en ce moment le thème du “Territoire” et s’apprête à travailler sur la théorie du Big Bang! Elle aime sortir de sa zone de confort.
Sa maison-atelier de l’avenue Gevaert traduit sa créativité. Près de son bureau, au rez–de-chaussée, où pinceaux et crayons voisinent un appareil-photo, d’intrigantes valises renferment des centaines de vieilles photos d’accessoires et de mobilier. Agencées savamment, ces vues a priori assez banales prennent une nouvelle vie, forment une nouvelle oeuvre. Dans son atelier où domine une grande presse, un étage plus bas, Monik expérimente de multiples techniques de gravure: acide, pointe sèche, photopolymères. Un tetrapack peut même y devenir gravure! Ses cartons recèlent de multiples trésors.
L’avenue des Combattants avait découvert le travail de Monik lors d’une formidable intervention où elle avait pu redécorer l’ancienne boucherie Collée, avec la complicité de l’atelier des Jeunes. C’était lors du 1er épisode de la Fête des Combattants, en 2005. On aurait pu y poser une caméra de cinéma. Jérôme, l’ancien boucher, avait eu le plaisir de voir défiler ses anciens clients. Monik a travaillé avec le Centre culturel notamment sur un parcours de vidéastes. Elle s’est fort investie sur le parcours d’artistes WAW (White Art Walk).
Lors du dernier épisode, en 2019, le WAW avait justement posé ses valises dans la serre, au bas du vignoble de Genval, avec une intervention de l’artiste Lies Daenen. Monik a a accepté bien volontiers de décorer l’étiquette du millésime 2020. On y retrouve le thème des bulles, sur lequel elle a beaucoup travaillé récemment. Et cela tombe bien. Parmi ses vins préférés figurent surtout les bulles: crémants, mousseux, pétillants et autres champagnes. Il n’est pas impossible que le vignoble de Genval y succombe un jour, le Solaris se prêtant bien aussi aux bulles. On ne manquera pas de trinquer d’ici là, en hommage aux bulles de Monik!