Chaque année, un ou une artiste décore l’étiquette du Villa Beau-Site, le vin produit par le vignoble de Genval. Anne-Françoise Jadin s’est prêtée à l’exercice pour le millésime 2016.

Beaucoup la connaissent par son atelier, arrimé aux Papeteries, juste à côté du salon-lavoir et du restaurant Quai aux Huîtres. Une belle toile, généralement marine, trône en vitrine tel un phare éclairant nos plaines. Ses oeuvres, toujours lumineuses, ont souvent un lien avec la mer ou l’océan.

“Je suis pourtant née dans le charbon: mon père était ingénieur des mines. Nous avons vécu dans la région de Mons. J’ai gardé un attachement pour cette région: j’adore notamment le MAC’s (le musée d’Art contemporain) au Grand Hornu”, note Anne-Françoise Jadin.

A la fermeture des mines, la famille a suivi le papa travaillant pour les papeteries Intermills de La Hulpe – Anne-Françoise a été à l’école située derrière l’église de La Hulpe, puis à celle d’Andenne. On ne peut s’empêcher d’y voir un lien avec son parcours futur, l’attachement au papier, à sa texture. Enfant, elle pouvait jouer avec des lots de papier. Tout naturellement, elle s’est dirigée vers des études artistiques.

“J’ai suivi des cours d’arts décoratifs à l’Institut Sainte-Marie, rue Feron à Saint-Gilles: c’était vraiment une très chouette école”, confie-t-elle. “J’y ai beaucoup appris: illustration, croquis, peinture à l’huile, gravure. J’ai aussi fait un régendat en arts décoratifs. J’ai enseigné après et je crois que j’ai gardé cela encore aujourd’hui, le plaisir de transmettre”.

Anne-Françoise voulait poursuivre à La Cambre, mais la rencontre avec son mari l’en a détourné. Elle a pas mal bourlingué avec lui, cadre dans la finance: Grèce, Bahreïn, New York, Los Angeles, Londres, Milan et puis Paris. Ses enfants sont nés au gré de ces différentes étapes. Elle a enseigné tout en exerçant son art dans son atelier, présentant des expositions.

Anne-Françoise Jadin était ravie de retrouver le Brabant wallon, à l’orée des années 2000. “C’est un pays de Cocagne. Il y fait si vert. J’étais heureuse de retrouver aussi toutes les personnes que j’avais connues plus jeune”.

Elle a ouvert son atelier aux Papeteries – la vie fait des boucles – en 2009. Les Genvalois ont pu découvrir ses oeuvres lors des Randonnées d’artistes. Elle donne des cours à des particuliers, souvent de la région. Il y a déjà un lien avec le vignoble et le quartier des Combattants: avec Vincent Leclercq elle réalise des oeuvres communes, des toiles qui associent des textes et icônes de cartes postales, comme celles exposées lors de la Fête des Combattants.

La mer est souvent présente dans les oeuvres d’Anne-Françoise Jadin: ce sont des jeux délicats de lumière, où le sable, le ciel et les vagues se mêlent, sans qu’on sache exactement de quelle plage il s’agit. Anne-Françoise ne le dira pas: elle aime garder une part de mystère dans ses créations. Elle trouve l’inspiration ailleurs, au Maroc, mais aussi dans des beautés du quotidien: le noyau d’un abricot, la carapace d’une crevette ou d’un scarabée.

Tout naturellement, pour l’étiquette du Villa Beau-Site, elle a été attirée par la lumière de la serre, au bas du domaine. Le projet associatif du vignoble lui parle beaucoup: ce qu’elle apprécie le plus dans le vin, c’est son aspect social, le partage. Elle aime le Bourgogne, les vins de la Napa Valley (un souvenir de sa période américaine), mais aussi les bons cépages italiens, avec, au sommet de la pyramide, le Brunello di Montalcino.
Le Solaris de Genval figurera aussi dans sa cave, cette fois avec une de ses oeuvres sur l’étiquette, un bout de papier plus que symbolique.